Quadrangle Productions

Hüseyin Aydin, réalisateur, producteur et co-fondateur de Quadrangle Productions nous dévoile toutes les étapes qui ont mené à la concrétisation de son projet.
Âgé de 24 ans, diplômé d’un IUT en informatique et actuellement étudiant en master MIAGE à Paris-Dauphine, Hüseyin a suivi des cours de théâtre pendant 10 ans avant de décider de se lancer en entrepreneuriat.

Fondateurs : Mathieu Bouckenhove, Hüseyin Aydin, Nicolas Kersiak, Mathieu Gayet 

Le déclic: l’évolution de la technologie

« Nous avons créé cette société pour trois raisons majeures :
-  La première était de pouvoir fabriquer des petits films dans notre coin, sans entrer dans la grande procédure de financement des projets audiovisuels, système où nous avons une certaine expérience.
Mathieu Bouckenhove et moi, avons travaillé en tant qu'auteur sur des projets audiovisuels qui ont pris beaucoup de temps pour se mettre en place, se financer, parfois pour terminer sur un échec.
Aujourd'hui, la fabrication d'un film (aussi bien les courts que les longs) prend énormément de temps, parce que le système est une machine à gaz qui prend du temps à être alimentée. L'évolution technologique permet de fabriquer des courts-métrages plus facilement, moins cher, notamment avec l'essor des DSLR. Ce phénomène a été une très bonne opportunité pour se lancer et faire des films.
 La deuxième vient de la volonté, tous les quatre, de se retrouver sous une même entité pour faire avancer les projets de chacun. Cela nous permet de travailler sur un projet à plusieurs, de manière organisée, où chacun à un poste défini.
Enfin, l'idée, à la base, était d'avoir une structure afin de distribuer nos films de manière professionnelle.
Aujourd'hui, nos envies ont évolué et nous travaillons aussi bien sur des projets à court terme que des projets à long terme, dont la production se fait de manière plus classique, par des financements plus lourds et longs. »

La sensibilité de chacun source d’inspiration

« Nous avons créé cette société pour faire avancer les projets de chacun, et les productions artistiques obéissent aux sensibilités de chacun.
Pour ma part, je  travaille sur des sujets qui me sont personnels, ou qui me touchent particulièrement. Je pars souvent d'un questionnement sur un fait, une pensée, une chose, et je travaille sur un scénario qui me permet d'y apporter un point de vue. Et je pense que le propos d'un film doit être à l'origine du projet. À la question "Pourquoi t'as fait ce film?", je ne me vois pas répondre "Parce que c'est drôle!" ou "Pour faire peur.". Le genre de propos que je tiens est souvent mis dans la case des "cinéastes d'auteurs" qui ne font que des drames sociaux pour émouvoir la ménagère de 50 ans. Mais je pense qu'il y a un équilibre à tenir entre le message d'un film et la mise en scène que l'on y applique. On ne peut pas faire qu'avec l'un ou qu'avec l'autre. C'est pour ça qu'aujourd'hui j'ai envie de travailler sur différents genres, raconter des thrillers, des policiers, des drames tout en gardant un propos personnel.»

Des profils différents pour se poser les bonnes questions

Il est très intéressant de travailler dans une équipe avec des profils différents, car nous ne sommes jamais dans l'auto-satisfaction dans la manière de traiter les sujets qui nous tiennent à coeur, les points de vue différents permettent de retravailler les projets en profondeur et de se poser les bonnes questions.
J'ai connu Mathieu Bouckenhove il y a maintenant 7 ans, au détour d'un forum sur le cinéma où je cherchais des avis sur le scénario de mon premier court-métrage amateur. Nicolas Kersiak était alors l'acteur principal de son premier court amateur. Nous avons fini par nous rencontrer à Paris et avons travaillé sur différents projets qui ont grimpé les échelons, passant de l'amateur au semi-pro, du semi-pro au pro, que ce soit sur des projets communs ou chacun de son côté, de sa propre expérience.
Nous avons rencontré Mathieu Gayet il y a quelques années. Il était, quant à lui, déjà dans un circuit pro grâce à sa formation et son métier dans la production.
L'intérêt d'avoir créé une telle équipe, c'est que nous faisons des choses très différentes à côté de Quadrangle. Mathieu Bouckenhove est Community Manager, Nicolas Kersiak est comédien, Mathieu Gayet est assistant de Production et je suis toujours étudiant en Master 2 à Paris-Dauphine.
Nous avons donc des profils très différents qui, une fois mis en commun, permettent de pouvoir traiter tous les aspects d'un projet audiovisuel, de l'écriture en passant par sa production et sa diffusion web, qui est primordiale aujourd'hui. Nous avons également la capacité de créer des sites internet et autres plate-formes web en interne, et c'est une réelle valeur ajoutée pour des projets de web documentaire que nous avons en chantier.»

Se financer via le crowdfunding

« Devant la nécessité d'avoir une structure, nous n'avons pas opté pour les aides à la création ou les incubateurs, car ce sont de très bonnes initiatives mais qui prennent un certain temps.
Lorsque l'idée de créer une société a émergé, en Février 2011, j'étais en préparation de mon premier court-métrage, La Quatorzième. Nous avons donc voulu créer cette société le plus rapidement possible pour pouvoir le distribuer dans de bonnes conditions et porter la distribution du premier court-métrage de Mathieu Bouckenhove, O Death.
Donc tout s'est fait avec nos fonds personnels.
Par la suite, nous avons permis au second clip de Mathieu Bouckenhove d'être en partie financé par le crowdfunding, en passant par Ulule. C'est une excellente méthode pour permettre à des projets artistiques d'être financés.
Je pense qu'en matière de financement, il faut bien sûr s'intéresser aux différentes aides auquel nous avons accès (comme les aides du CNC dans le cinéma) mais surtout penser à un financement en crowdfunding qui, si votre projet est très concret, peut devenir très efficace. »

Les castings pour recruter ses premiers collaborateurs

« Aussi bien pour les projets de Mathieu B que les miens, la rencontre avec les acteurs s'est faite à travers les castings pour les différents rôles. Nous sommes passés par les différents sites d'annonces de casting pour la diffusion. C'était l'occasion de faire de supers rencontres, même si la personne ne correspondait pas pour le rôle. Concernant les autres collaborateurs, comme les techniciens, une partie des personnes faisaient partie de notre réseau, et nous avons rencontré les autres à travers les annonces que nous postions. C'est un excellent moyen de consolider une équipe, de faire de nouvelles rencontres, et j'espère qu'on sera amené à retravailler avec toutes ces personnes.
Concernant nos premiers spectateurs, nous les avons véritablement rencontrés le 11 décembre 2011 à l'occasion de notre première projection où nous avons présenté La Quatorzième, O Death et Left Alone de Seth Bogges en court-métrage invité, un super film dont le réalisateur, qui vient des USA, était présent à Cannes et avec qui nous avions gardé contact. On était très content de pouvoir partager avec nos spectateurs un film qui nous a plu, sans qu'il soit nécessairement un film distribué par Quadrangle Productions. On en tire une très bonne expérience, les spectateurs ont passé un bon moment (c'est en tout cas ce qui nous a été dit) et c'est très encourageant pour la suite.
Autrement, notre dialogue avec les spectateurs se fait par le web et les réseaux sociaux. »

Différenciation : des compétences artistiques mais pas seulement…

« Il serait prétentieux de dire que nous sommes uniques, mais je pense que nous avons beaucoup de qualités :). L'une d'entre elles est, comme je l'ai dit un peu plus tôt, notre maîtrise des outils technologiques et du web. Il nous est plus facile de créer un site, de développer une plate-forme web en Flash, de communiquer sur les réseaux sociaux de manière efficace, par rapport à des sociétés de productions pour qui certains de ces domaines sont obscures.
Ensuite, je pense qu'aujourd'hui, à travers les profils de chacun, nous sommes capables d'organiser un petit tournage rapidement, et de le mener à bon terme. Un exemple concret a été le dernier clip de Mathieu Bouckenhove, qu'il a réalisé pour le groupe Zebrahead. Ils sont actuellement en tournée mondiale, et ils passaient 2 jours en France. Ce fut l'occasion d'organiser rapidement un petit tournage live et de le monter pour le rendre disponible la semaine d'après. On est d'autant plus satisfait du résultat car le clip a un petit succès. »  

Challenge : Produire seul

« Le plus grand challenge de Quadrangle Productions a été la production du clip de Dancing Dead. L'organisation du financement en crowdfunding, du tournage et de la post-production nous a permis de réellement prendre nos marques dans cette structure fraîchement créée et c'était, en cela, un vrai défi. Toutes ces étapes se sont très bien passées donc je suis très confiant pour la suite.
Personnellement, mon plus grand challenge a été la production de mon court-métrage. Lorsque je tournais des courts-métrages amateurs, je m'occupais presque de tous les aspects. Je préparais, je cadrais, je réalisais et je montais le film. En entreprenant la pré-production de mon film, je ne pensais pas que le projet prendrait une telle consistance, et l'idée de s'occuper de tout était une très mauvaise idée. J'ai rassemblé l'équipe, fais les repérages, répété avec les acteurs, organisé le tournage. Je garde un assez mauvais souvenir sur la préparation, même si ma collaboration artistique avec les acteurs a été une super expérience. Le soutien de mes associés s'est greffé au moment du tournage, époque où la société n'était pas encore créée.
 J'ai donc vite compris qu'il n'était plus question de se lancer dans un projet seul, et la création de Quadrangle Productions est une très bonne initiative pour ça. Ceci dit, je ne pense pas que la production de mon film ait été un échec. Premièrement, parce qu'il fallait que je passe par ça pour me rendre compte à quel point le travail d'équipe était important (j'en avais une vague idée à l'époque), ce fut une super expérience. Et parce que, finalement, le film existe. Il est à l'image de ce que j'avais en tête. »

Astuces : S’organiser, se lancer, prendre du recul

« Je n'ai pas une grande expérience dans l'entreprenariat, mais je pense que le plus important lorsqu'on veut créer son entreprise est l'organisation personnelle. Je pense qu'il faut pouvoir être pro-actif et très motivé pour arriver à organiser aussi bien les cours (si on est toujours étudiant) et le projet de création, se poser des objectifs dans la semaine, des étapes à passer.
Il ne faut pas hésiter à créer une entreprise si l'idée est bonne. J'en connais beaucoup qui prennent peur quand ils entendent "SARL". Je pense qu'il faut voir ça comme un terrain d'expérimentation, ne pas avoir peur de se lancer. Il faut voir ça comme un brouillon, qu'on finira par mettre au propre, ou qui permettra à un autre projet d'exister. L'expérience qu'on en tire est phénoménale et il ne faut pas passer à côté.
Enfin, ce genre de projets où on mène une "double vie" demande beaucoup d'investissement personnel, mais je pense qu'il ne faut pas s'isoler pour autant, se déconnecter du reste. La meilleure manière de rester efficace quand on travaille et de savoir prendre du recul, se changer les idées, voir ses amis, sortir. Il est très important de savoir faire la part des choses pour pouvoir rester critique sur son propre travail. »

Vers un nouveau format…le Web documentaire

« 2011 a été l'année où nous nous sommes organisés, expérimenté. 2012 sera l'année où nous comptons lancer des projets à longs termes comme des courts-métrages pour lesquels nous faisons des demandes d'aides aux organismes ou des projets de web documentaire, format très intéressant où nous comptons nous investir pleinement cette année; mais aussi des projets à plus courts termes, financés par le crowdfunding.
Nous continuons également de travailler sur des films institutionnels qui, même s'ils restent moins créatifs, permettent de mettre en application nos compétences dans des tournages, avec toute l'expérience et la satisfaction que cela nous procure. »

En savoir plus:

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Quadrangle Productions est une société de production spécialisée dans les images pour le web, le mobile, la TV et le cinéma. Après la production de leurs court-métrages "La Quatorzième" et "O Death", les 4 associés se sont lancés dans la production de clips musicaux dont "Dancing Dead", "Wrong" des Silent Birds et "Blackout" des Zebrahead. Ces 4 jeunes entrepreneurs talentueux n'ont pas fini de faire parler d'eux! Pour plus d'informations, visitez le site de Quadrangle Production