Entreprendre à plus de 50 ans : une réalité croissante

Les jeunes sont de plus en plus nombreux à vouloir se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Ce que l'on sait moins, c'est que les seniors le sont également. Réseau Entreprendre, qui accompagne les dirigeants dans le développement de leur entreprise, fait le constat d'une tendance à la hausse. Entrepreneuriat subi ou envie d'un nouveau challenge à l'approche de la retraite : Quels sont les moteurs qui poussent les seniors à franchir le pas de l'entrepreneuriat ?

1 créateur d'entreprise sur 5, environ, est âgé de plus de 50 ans en France (1). En 10 ans, Réseau Entreprendre a vu la proportion de créateurs de plus de 50 ans augmenter de 8% à 11% et de 17% à 23% pour les repreneurs.

Plus de reprises et plus de projets industriels chez les seniors

Ce qui distingue aujourd'hui les jeunes des seniors chez Réseau Entreprendre, c'est avant tout le secteur dans lequel ils entreprennent : alors qu'ils sont seulement 10% de jeunes de moins de 30 ans à se lancer dans le secteur industriel, 22% des seniors s'y aventurent (a contrario les seniors sont moins représentés dans le secteur des services : 57% contre 68% chez les jeunes de moins de 30 ans).

Autre particularité des séniors, ils osent davantage la reprise : 47% des entrepreneurs de plus de 50 ans accompagnés par Réseau Entreprendre sont des repreneurs (contre 7% des moins de 30 ans ; 23% des 30 - 39 ans et 40% des 40 - 49 ans).

Expérimentés, dotés d'un solide réseau professionnel, les séniors se lancent dans l'entrepreneuriat à la suite d'une réflexion mesurée. Le succès est très souvent au rendez-vous et durable. Les séniors accompagnés par Réseau Entreprendre connaissent, en effet, les mêmes excellents taux de pérennité que les plus jeunes : 92% des séniors sont encore en activité au bout de 3 ans, 88% à 5 ans.

« Les entrepreneurs seniors tirent parti de leur expérience professionnelle, de leurs expertises métier, de la force de leur réseau, tout en portant l'énergie entrepreneuriale propre à tous les entrepreneurs que nous accompagnons ! » analyse Frédérique Jeske, directrice générale de Réseau Entreprendre.

Contraints et forcés à entreprendre ?

 La réalité du marché du travail explique probablement la motivation première des seniors à entreprendre : se donner de nouvelles perspectives !

Parmi les profils d'entrepreneurs que Réseau Entreprendre accompagne, les seniors sont ceux qui connaissent le plus fort taux de chômage subi préalable à l'entrepreneuriat : un chiffre qui monte à 25% chez les lauréats seniors ces 5 dernières années. Si le taux d'emploi des séniors en France tend à s'améliorer, il demeure de 10 points inférieur à celui de ses voisins de l'OCDE.

Trop rigides les séniors ? « Arrêtons les idées reçues », prône Frédérique Jesque. « Les entrepreneurs séniors que nous accompagnons ne manquent pas d'atouts. Ils débordent d'énergie, ont le goût du défi. Allégés des contraintes familiales, souvent plus à l'aise financièrement, ils ont soif de mettre à profit leur expérience au service d'un challenge plus personnel », rapporte-t-elle. « Après avoir donné plus de 30 ans de leur vie à la réussite de grandes, moyennes ou petites entreprises, l'approche de la retraite sonne pour certains comme un coup de « booster ».

Philippe Gros, repreneur de l'entreprise Loopgrade (conseil en télécommunication) et lauréat Réseau Entreprendre en est un bon exemple : « Après une carrière en entreprise, j'ai quitté mon emploi à 57 ans dans le cadre d'une restructuration. Reprendre une entreprise m'a fourni l'opportunité de nouvelles perspectives professionnelles et personnelles qui seraient devenues de plus en plus inaccessibles en tant que salarié, l'âge aidant. C'est un nouvel horizon qui s'offre à ceux qui pensent encore leur vie comme un futur en devenir. »

Dominique Rossignol, 59 ans, fondateur de DFD (alternative verte aux solvants chlorés), explique avoir eu le déclic de l'entrepreneuriat suite à un licenciement économique. Aujourd'hui, il se projette « J'ai envie de développer l'entreprise pour en faire une ETI exportatrice. Pour entreprendre, il faut une vision à long terme et une extrême ténacité : il n'y a pas d'âge pour cela ! »

« Changeons notre regard sur les séniors. A 60 ans, une nouvelle vie professionnelle peut commencer. Le numérique a multiplié les perspectives, en simplifiant notamment les démarches. Les jeunes en ont pris leur parti. Les séniors ont les bagages pour suivre l'exemple », conclut Frédérique Jesque.

(1)    Observatoire Alptis de la protection sociale - 2013

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