Secrets de Réussite : s’inspirer de Peter Thiel, fondateur de Paypal

Peter Thiel est l’un de ces gourous de l’entrepreneuriat que l’on ne présente plus : serial entrepreneur à succès, fondateur de Paypal et Palantir, early investisseur dans plusieurs licornes, fin observateur et libertaire à l’esprit de controverse. Nous revenons dans cet article sur ce qui a fait le succès de cet homme qui pèse près de 3 milliards de dollars.

Être entrepreneur, ça ne s’improvise pas

Fils d’un ingénieur en chimie allemand et jeune prodige en Maths et aux Echec, Peter Thiel était prédestiné à une carrière brillante. A l’origine de son incroyable réussite entrepreneuriale, un esprit d’analyse, un sens développé de la stratégie et une forte conviction politique pour le libertarisme et l’anticonformiste. Ajoutez, à cela, de bonnes études à Standford et un réseau entretenu (depuis le lycée jusqu’à Standford) et vous aurez les ingrédients de la recette du succès à la sauce Thiel.

Rappelons que Paypal, sa première success story, a puisé les membres de son équipe dans ce fameux réseau constitué par Thiel. Un vivier de talents variés, « potes de promo », ayant parfois participé aux mêmes activités associatives (eh oui, ça rapproche !), mais surtout partageant les mêmes ambitions entrepreneuriales. Ce sont d’ailleurs des membres de ce réseau qui donneront ensuite naissance à plusieurs super-startup dont Linkedin, Yammer, Yelp ou encore Youtube pour ne citer que ceux-là. La fameuse Mafia Paypal comme on aime les appeler.

La concurrence c’est pour les loosers, pas pour les entrepreneurs

L’équipe, c’est bien mais sans l’idée business, ça ne peut pas aller bien loin. Là encore, l’idée de Paypal et après de Palentir (2e startup de Thiel valorisée à 15 milliards de dollars dans l’analyse de données), vient probablement aussi de la conception que Peter se fait de l’entrepreneuriat. C’est en forgeant qu’on devient forgeron et c’est en essayant de creuser faire une découverte (technique par exemple) qu’on devient… entrepreneur ! Hum, un peu mystique tout ça, non ? Eh bien la conviction de Thiel est qu’une bonne idée business est une idée qui mène vers un monopole et évite au maximum la concurrence. Certes, la concurrence c’est bien, me direz-vous. Ca confirme la présence d’un marché bien réel avec des acteurs et des utilisateurs ayant un besoin et surtout ça pousse à l’innovation et à l’amélioration de l’offre. Bref, c’est tout bénef’ ! Pas si sûr, selon Peter. La concurrence, ça limite la startup, ça la cantonne à une zone bien délimitée (là où il y a la concurrence) tout en l’empêchant de voir d’autres opportunités existantes et peut-être même plus intéressantes mais moins évidentes à dénicher. Et ces opportunités sont des sortes de secrets, non encore explorés et qui sont rarement accessibles aux entrepreneurs qui se contentent de suivre le mouvement de foule ou ce qui est conventionnel.

En d’autres termes, selon Thiel, il existe aujourd’hui deux manières d’entreprendre. La première repose sur des opportunités de croissance horizontale de concepts existants, c’est à dire copier une idée business qui marche bien ailleurs, adapter une idée en changeant un paramètre, en l’implémentant sur une autre niche etc. , manière conventionnelle et trop concurrentielle selon Thiel. La deuxième manière de créer repose sur la croissance verticale c’est-à-dire sur la technologie et la recherche. C’est précisément cette deuxième manière qui permettrait, selon Thiel, de créer de vraies situations de monopoles et donc de percer des « secrets » voire des mystères permettant d’ériger de grandes barrières à l’entrée. Ses secteurs de prédilection pour créer en ce moment sont l’Energie, les Transports, ou le Biomédical où beaucoup reste à faire. Il a d’ailleurs récemment investit dans des startups de ces secteurs.

Vous remarquerez au passage que le terme « monopole » n’est pas péjoratif chez Thiel. Pour lui, l’amoureux des sciences et de l’anticonformisme, il est synonyme d’unicité et de véritable disruption.

Un monopole, c’est unique, un startupper aussi !

Pour revenir donc à notre histoire de monopole, pour Thiel, chaque monopole est unique. Google est unique. Apple est unique. Facebook est unique. Inutile de rechercher le prochain Bill Gates, Steeve Jobs ou Mark Zuckerberg, il n’y en qu’un et n’y aura pas deux. Il est donc selon lui, inutile d’essayer de copier ces super startuppers et donc d’aller à des « super conférences » (je ne citerai pas d’exemples pour ne pas faire de jaloux ^^), pour essayer de concocter une sorte de recette du succès et se l’appliquer après. Chaque entrepreneur doit créer sa propre histoire à sa manière et donc consacrer son temps à sa startup, à affiner son concept et éviter de perdre du temps dans ce type d’évènements. Cool…mais bon, c’est quand même bien de s’inspirer des grands, ne serait-ce que pour la motivation (non ?). Et puis, on fait comment sinon pour se construire un réseau quand on n’a pas été à Standford ? Blague à part, c’est un avis qui est bon à prendre à quelques nuances près ;)

Dis Peter, comment on crée un monopole ?

La recette du monopole, le saint-graal de l’entrepreneuriat, comporte selon Peter, 4 ingrédients :

  •           une technologie propriétaire, qui doit s’efforcer d’être bien meilleure que l’Etat de l’art au moment où vous la créez. Par exemple, l’Iphone a été le 1er et seul smartphone qui fonctionnait techniquement au moment de sa sortie.
  •           une traction grandissante et solide qui permettra d’ancrer le monopole dans son marché. Il est vrai que c’est un point particulièrement difficile à enclencher. Il faut donc réfléchir à la valeur apportée qui pourrait pousser la 1ère personne à acheter/ utiliser.
  •           une capacité à « scaler » qui repose souvent sur un bon software permettant de limiter les couts fixes. La startup peut typiquement commencer par une petite niche et agrandir son marché très rapidement grâce à cette capacité.
  •           du branding

Oui rien que ça !

Peter Thiel conseille aussi de se positionner d’abord sur une petite niche et d’y être le meilleur avant de se positionner sur un marché plus large. Il y aurait, selon lui, des niches qui sont si petites qu’elles sont sous-valorisées alors qu’elles ont du potentiel et qu’elles peuvent justement être intéressantes pour démarrer son projet de monopole (tadam !). On peut citer l’exemple de Facebook qui a démarré en ciblant les étudiants d’Harvard et qui a bien grandi depuis (c’est le moins que l’on puisse dire !).

De la startup vers le monopole, quelle stratégie ?

En tant qu’entrepreneur, on cherche très (trop ?) souvent à être le pionnier de notre secteur. Logique ! Qui dit pionnier, dit longueur d’avance, et donc barrière à l’entrée. Mais qui dit aussi pionnier, dit vitesse et donc levée de fonds pour ne pas se faire rattraper par de potentiels concurrents et donc pression. Cette conception de l’entrepreneuriat n’est pas ce qui fait le succès d’une startup selon Peter. Pour assurer sa réussite, l’entrepreneur doit tout faire pour faire durer son projet. La croissance d’une startup est souvent plus valorisée que sa longévité alors que, selon Thiel, la capacité d’une startup à s’inscrire dans la durée doit être davantage prise en compte (cf Microsoft, Google, Apple etc.).

Enfin, Thiel n’est pas fana du design thinking et donc du célèbre lean startup incitant l’entrepreneur à faire rapidement un MVP et ensuite à améliorer son produit de manière itérative en confrontant chaque amélioration avec l’avis des utilisateurs/clients. Il pense que la meilleure approche pour arriver à un monopole est de prendre plus de risque en ne confrontant pas rapidement un prototype ou MVP aux avis utilisateurs mais en se concentrant sur une innovation suffisamment importante pour qu’elle fasse réussir le projet.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, à vos monopoles les amis !

Pour aller plus loin, je vous conseille la lecture de son dernier livre : Zero to One